La loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole est à peine promulguée que déjà, les acteurs de l’aval de la filière viande bovine font fi de l’esprit des Etats Généraux de l’Alimentation et retrouvent leurs vieux réflexes : ils ont, hier, dans le cadre de la médiation sur l’indicateur de coûts de production en élevage bovin viande, réduit à néant le bon travail pourtant effectué par le Médiateur des Relations commerciales, en refusant, sans aucune justification sérieuse, l’indicateur proposé, pourtant issu d’une méthode de calcul dont la solidité technique avait été largement démontrée.
Une attitude incompréhensible, qui met en danger la pérennité de la filière toute entière.
4,64 € / kilogramme : c’est le coût de production moyen pour produire une vache allaitante, calculé par l’Institut de l’Elevage, issu d’une méthode basée sur ses réseaux d’élevage, intégrant la rémunération du travail de l’éleveur, que le médiateur des relations commerciales du Ministère de l’Agriculture a, lui-même, qualifiée de robuste et représentative des différents systèmes d’élevage bovin viande français.
Un coût de production que l’aval de la filière a, pourtant, décidé de ne pas valider : par peur de devoir, enfin, proposer aux éleveurs des prix couvrant leurs coûts de production, en accord avec l’ambition des Etats Généraux de l’Alimentation.
Alors que 1500 exploitations bovins viande disparaissent chaque année, que l’année 2018 a vu doubler le nombre de fermetures d’exploitations sur nos territoires et que la décapitalisation du cheptel de vaches allaitantes devient particulièrement préoccupante (-10% entre 2016 et 2019), la FNB s’interroge : industriels et distributeurs ont-ils conscience que c’est la filière toute entière qui pourrait, demain, disparaître ? Souhaitent-ils que, dans un futur proche, les consommateurs français ne se voient proposer que des viandes d’importation, sans commune mesure avec les standards de la production française ?
Pour Bruno DUFAYET, Président de la FNB : « Les Etats Généraux de l’Alimentation avaient pour vocation d’inciter les différents maillons de la filière à sortir de leur posture pour engager des discussions constructives et responsables. L’attitude d’acteurs de l’aval au cours de cette médiation démontre malheureusement que ce travail constructif ne pourra pas avoir lieu au sein de l’interprofession, telle qu’elle existe aujourd’hui. Une transition du modèle interprofessionnel semble donc aujourd’hui indispensable pour envisager, ensuite, celle de notre modèle agricole. »