Eau, négociations commerciales, PAC...
Si les élections des Chambres d’Agriculture, qui se tiennent en janvier 2019, vont nécessairement mobiliser l’APCA dans les prochaines semaines, ses représentants restent focalisés sur les dossiers d’actualité qui impactent les agriculteurs : accidents climatiques, négociations commerciales prochaines, future PAC, transition de l’agriculture...
Après une campagne désastreuse pour certaines productions, frappées par la sécheresse en 2017, les agriculteurs n’ont pas été épargnés ces derniers mois, entre les excès d’eau du printemps et la canicule de l’été. « C’est une année qui justifie encore plus de mettre tout en oeuvre pour permettre aux agriculteurs de faire des réserves d’eau », a estimé Claude Cochonneau, président de l’APCA, lors de la conférence de rentrée des chambres d’Agriculture, le 5 septembre. La question du stockage de l’eau est en effet cruciale pour les agriculteurs, qui ne comprennent pas le retard pris par la France dans ce domaine, quand l’Espagne a par exemple multiplié par dix ses capacités de stockage depuis 40 ans. Sur 100 millions d’euros versés chaque année pour indemniser les calamités agricoles liées à la sécheresse, « 80 % sont pour les producteurs d’herbe et les éleveurs, qui doivent aujourd’hui acheter du fourrage en Espagne », précise André Bernard, vice-président de l’APCA. « On n’utilise que 3,5 % de l’eau tombée, et seulement 1,7 % pour l’agriculture », ajoute-t-il. Cependant, le secteur agricole n’est pas prioritaire dans la loi française en matière de gestion de l’eau, ce qui explique de nombreux blocages et les recours qui cassent les projets. « C’est normal que la priorité soit accordée à l’eau potable et aux milieux, mais nous on veut stocker l’eau l’hiver pour l’agriculture », insiste Luc Servant, membre du bureau de l’APCA, qui fustige également la désinformation existant sur le sujet : « dans la tête du citoyen, le stockage de l’eau est associé à la production intensive », alors qu’il s’agit d’assurer la sécurité de beaucoup de productions.
Sécurisation des exploitations
Car une stabilité des exploitations est notamment nécessaire pour la transition des modèles agricoles attendue par la société, rappelle également Claude Cochonneau, qui déplore la baisse de crédits pour Ecophyto, « alors que la prise de conscience [ de la nécessité de faire évoluer les pratiques ] est indéniable pour les agriculteurs ». Si beaucoup d’expérimentations ont été menées ces dernières années pour réduire les intrants, maximiser la production de biomasse, développer les outils numériques, les ressources financières manquent aujourd’hui pour « industrialiser la démarche ». C’est d’autant plus inquiétant que « ceux qui investissent le plus sont les plus touchés », constate de son côté Daniel Roguet, vice-président de l’APCA. Or, « si on ne se modernise pas, on va avoir des problématiques de transmission », ajoute-t-il. Autre levier dans la sécurisation des exploitations, la future PAC, qui devra contenir « des outils de régulation, et plus de moyens sur le préventif », précise Luc Vaillant. Le ministère de l’Agriculture devra défendre ce volet : « nous craignons qu’il ne tienne pas suffisamment les cordons de la bourse », notamment face au ministère de l’Ecologie, juge Pascal Ferey, vice-président de l’APCA.
Négociations commerciales
Enfin, l’un des premiers sujets d’actualité de cette rentrée reste le déroulement des négociations commerciales à venir, alors que le projet de loi post-Etats généraux de l’alimentation n’est pas encore voté. Si une charte a bien été signée l’année dernière au ministère de l’Agriculture par l’ensemble des acteurs de la filière, « on a constaté qu’elle n’a pas eu beaucoup d’effets. Son seul mérite est d’avoir réuni tous les acteurs en même temps. Nous voulons relancer les discussions », indique Claude Cochonneau qui a évoqué le sujet avec le ministre de l’Agriculture, « car si les négociations se déroulent sur les mêmes bases que l’an dernier, alors que la charte venait d’être signée, ça fait peur… » Le vote définitif du projet de loi ne devrait pas intervenir avant début octobre.