La récolte de céréales 2018, qui n’est pas encore terminée, s’annonce hétérogène géographiquement, en recul en termes de volume mais de bonne qualité selon l’AGPB. Malgré la hausse des prix des céréales, l’organisation est inquiète et se sent abandonnée par les pouvoirs publics.
« 2018 est un petit cru », résume Philippe Pinta, président de l’AGPBlé et autres céréales, les producteurs sont déjà déçus par la quantité, inférieure à celle que le mois de juin laissait espérer. Selon l’institut Arvalis, 35 millions de tonnes de blé tendre devraient être récoltées contre 36,6 en 2017. La récolte de blé dur devrait être pour sa part de 15 à 20 % inférieure en volume et très hétérogène sur le territoire. Seules les orges d’hiver et de printemps devraient être dans la moyenne quinquennale.
3 évènements majeurs expliquent les résultats de la campagne céréalière 2018 : les excès d’eau pendant l’hiver et le printemps, des périodes orageuses et pluvieuses autour de la floraison et des températures au-dessus de la moyenne qui explique la précocité de la récolte.
Les agriculteurs du sud de la France ont été particulièrement pénalisés après un cumul de pluies exceptionnel depuis la sortie de l’hiver jusqu’à la maturité des cultures, ce qui a donné de faibles rendements en blé tendre et en blé dur, ainsi que des problèmes de qualité, même si la teneur en protéines semble bonne. « Les stocks disponibles et la qualité des récoltes, devraient permettre de satisfaire l’ensemble de nos clients », assure Philippe Pinta. Les producteurs espèrent même pouvoir reconquérir quelques marchés perdus depuis 2016 à l’export, notamment vers les pays tiers.
La future PAC et la loi Egalim inquiètent
Point positif pour les exploitants, les prix des céréales sont en hausse, notamment depuis la mi-juillet. « Après 5 années de crise, les trésoreries des exploitations sont exsangues, et face à la baisse des rendements, tous les espoirs reposent sur l’évolution des prix », précise Philippe Pinta.
« Les céréaliers les plus impactés attendent des pouvoirs publics qu’ils prennent les mesures d’urgence qui s’imposent : dégrèvement de la taxe sur le foncier non bâti, avances de trésoreries à 90 % des aides de la PAC, report ou exonération des cotisations sociales, dérogations aux règles communautaires pour les aides de la PAC », liste le président de l’AGPB.
Oléagineux-protéagineux
Avec 4,6 Mt, soit un recul de 14,2 % sur 2017, l’augmentation des surfaces ( + 9 % ) n’aura pas permis de compenser une chute des rendements, dont la moyenne nationale est estimée à 30,2 qx/ha, soit une diminution de 8,1 qx sur la dernière campagne. A l’origine de cette chute de rendement figurent la météo défavorable et de nombreux problèmes sanitaires. Le tournesol n’échappe pas à la dégringolade des rendements et, avec 1,33 Mt de récolte prévue, enregistre un recul de 17,2 % par rapport à 2017. Même le soja, dont la progression des surfaces ne s’était pas démentie, avec 149 000 ha, doit concéder une baisse de production de 4 % sur l’an dernier ( 398 000 T ).
Pois et féveroles n’ont pas souffert de baisse de rendement, bien au contraire, mais d’une diminution des surfaces de l’ordre de 11 % (pour l’ensemble des protéagineux).