« L’Etat doit rester pragmatique »
Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, et le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, ont réuni, fin juin, les acteurs de la chaine alimentaire. Ils ont ensuite annoncé, la création d’une « Task Force », pour sortir du glyphosate. Eric Thirouin, Secrétaire général adjoint de la FNSEA, estime que cette réunion a été constructive mais il souligne que la transition vers une utilisation plus limitée du glyphosate, pour répondre aux enjeux sociétaux, ne se fera pas sans l’accompagnement du gouvernement.
Comment la réunion de vendredi dernier s’est-elle déroulée ?
Eric Thirouin : Il est important de noter que la réunion du 22 juin a été constructive. Cependant, les reprises dans la presse ont principalement souligné les déclarations de Nicolas Hulot de supprimer l’usage de la molécule sous 3 ans, avec de potentielles dérogations de 2 ans. Nous avons eu en face de nous deux ministres pragmatiques. Ils ont reconnu qu’il n’y avait pas d’alternatives systématiques au glyphosate. Nous leur avons signifié, que pour nous, il n’y avait donc pas lieu d’inscrire cette interdiction dans la loi issue des États généraux de l’alimentation. Nous leur avons aussi rappelé que la profession s’était engagée à développer des alternatives au glyphosate afin d’en réduire l’usage, comme nous le faisons avec le Contrat de solutions. Nous leur avons redit qu’il était nécessaire que l’État accompagne, économiquement et réglementairement, les agriculteurs qui s’engagent dans cette transition. Il faut aussi souligner que le gouvernement ne peut nous mettre la pression sur le glyphosate en ouvrant les frontières aux importations distorsives.
n Quels étaient les autres acteurs présents à cette réunion ?
Eric Thirouin : À cette réunion, étaient également conviés, les organismes de recherche ( INRA, Irstea, ACTA ). Les impasses techniques présentes dans différentes filières, comme les vignes ou les vergers en forte pente, les semences et légumes d’industries, ou inhérentes à certaines cultures ou pratiques, comme l’agriculture de conservation, ont été évoquées par les deux ministres. Ils ont aussi mentionné que les instituts de recherches devaient être porteurs de solutions, afin de réduire l’utilisation de la molécule. Les transformateurs, représentés par l’Ania, ainsi que l’ensemble des enseignes de distributions et la FCD, étaient aussi présents à cette réunion. L’État souhaite valoriser en magasin les pratiques « alternatives » des agriculteurs français. Cette possible valorisation ne doit pas être synonyme d’un cahier des charges plus contraignant et d’un désengagement du gouvernement. Nous entendons et nous relevons le challenge que nous lancent l’Etat et la société, mais nous ne pourrons le faire sans accompagnements concrets.