L’agriculture déjà engagée
A l’occasion de la publication d’une étude sur la contribution du milieu agricole à la production d’énergies renouvelables, l’Ademe ( Agence De l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie ), l’APCA, Coop de France, la FNSEA et le SER ( Syndicat des Energies Renouvelables ) ont organisé une matinée de réflexion sur le sujet. L’agriculture fournit déjà 20 % de l’énergie renouvelable française.
Les exploitations agricoles participent donc autant à cette production qu’elles ne consomment d’énergie non renouvelable. « Cela prouve que les agriculteurs sont déjà engagés dans la production d’ENR », analyse Marc Bardinal, du service Agriculture et Forêt de l’Ademe. C’est majoritairement à travers les éoliennes et la production de biocarburant que l’agriculture participe à la production d’ENR. L’Ademe a identifié quatre principaux types de modèles d’affaires : l’autoconsommation d’ENR pour réduite la facture énergétique de l’exploitation, la production et la vente de biomasse, la vente d’électricité ou de gaz directement injectée dans le réseau, et la mise à disposition de surface. Pascal Chaussec s’est lancé dans le photovoltaïque en 2009. Il s’agissait, à l’époque, d’un projet novateur, il n’a pas pu bénéficier d’un retour d’expérience. Pour construire son projet il a cependant pu travailler en réseau, notamment avec la chambre d’Agriculture. « Quel que soit le projet, il faut investir dedans, il ne faut pas attendre que ça tombe du ciel », conseille l’éleveur. Avec l’association Agriculteurs Producteurs d’Electricité Photovoltaïque Associés ( Apepha ), dont il est le président, Pascal Chaussec a souhaité établir un cahier des charges pour « baliser le terrain ». La production d’énergie, via les panneaux photovoltaïques, sur les bâtiments agricoles peut permettre aux agriculteurs de faire des économies. Pascal Chaussec réalise une économie d’environ 1 500/1 800 euros par an, grâce à son installation.
La méthanisation ne remplace pas l’activité alimentaire
Francis Claudepierre est pour sa part le premier éleveur à s’être lancé dans l’injection sur le réseau français avec son épouse. Il s’installe en 1987 sur une ferme avec 30 vaches et 40 hectares. En 1999, la tempête qu’a connue l’hexagone réveille ses préoccupations environnementales. L’année suivante, il transforme la charge que représentait la mise aux normes imposée par le Programme de Maitrise des Pollutions d’Origine Agricoles, en une opportunité pour se lancer dans la méthanisation, il installe un digesteur dans sa fosse à lisier. Sa première installation, d’une puissance de 20 kW, lui permettra de chauffer sa maison, sa ferme et de sécher ses fourrages, et ainsi atteindre l’auto alimentation de son élevage, tout en valorisant son herbe. Dans la foulée, il passe en agriculture biologique. En 2008, avec la hausse des tarifs de rachat, il crée une nouvelle installation avec un associé pour une capacité de production qui monte à 250 kW. Grâce aux effluents de deux élevages, cette installation produit désormais près de 2 millions de kWh. Cette production équivaut à la consommation électrique de 400 foyers. Elle permet d’alimenter en chaleur une dizaine de foyers localement, une école, la fromagerie lancée par son fils, ainsi que d’assurer un revenu complémentaire aux agriculteurs associés.
L’éleveur insiste sur l’importance d’intégrer le projet de méthanisation dans celui d’élevage. Les revenus tirés de la méthanisation lui permettent, d’ailleurs, de construire de nouveaux bâtiments « sans la méthanisation on aurait pas eu les moyens de le faire », précise-t-il. Si son chemin fait figure d’exemple, Francis Claudepierre avoue avoir « pris des risques énormes et parfois failli céder au découragement ». Les agriculteurs ont longtemps été confrontés à des prix de vente de l’énergie trop faible. « Ils ont aussi besoin de garantie sur le long terme, il faut de la visibilité sur 5 à 10 ans », explique Didier Morteau, président de la chambre d’Agriculture de l’Aube.