La valeur ajoutée doit rester aux agriculteurs
Dominique et Sylvain Bousquet, La Ferme de Lapourcal, ont engagé la réflexion depuis longtemps sur la gestion des sous-produits de l’exploitation.
Un déplacement en Allemagne en 2009 a été le facteur déterminant pour se lancer dans la concrétisation du projet. Dominique illustre son propos : « là-bas, quand ils vendent 1€ de lait, ils vendent aussi 1 € d’énergie. Il nous restait à adapter un outil de production de biogaz à nos 120 vaches laitières ».
Ils se mettent au travail, recherche, expérimentation, s’entourent de compétences et aboutissent à la mise en place d’un méthaniseur, système de grandes poches plastiques ( bâches ) totalement opérationnel depuis 2013.
Ce méthaniseur est alimenté toutes les 30 mn à partir du fumier du cheptel laitier, d’ensilage d’herbe, des eaux de l’étable et des silos.
Le gaz obtenu est transformé en électricité et vendu à ERDF. Cette installation est une centrale électrique qui produit 75kw électriques réinjectés au réseau en permanence, ce qui est l’équivalent de la consommation de 250 foyers ( hors chauffage électrique ).
Le digestat produit est un engrais renouvelable épandu sur les terres de l’exploitation. L’avantage de maîtriser la chaîne de production est d’avoir une connaissance et une traçabilité parfaite des intrants mis dans le méthaniseur ce qui garantit la qualité du digestat à la sortie ( absence de métaux lourds ou d’autres produits pouvant remettre en cause la pratique de certaines productions ensuite ).
Cette installation permet la valorisation de tous produits jusqu’alors considérés comme des déchets, dont l’élimination reste problématique, aujourd’hui ils sont devenus un gisement de ressources pour créer de l’énergie.
Cette initiative apporte la preuve qu’il est possible pour des agriculteurs, de maîtriser un outil de méthanisation, de contrôler tout le cycle de production et surtout de capter la valeur ajoutée qu’il procure par la vente d’énergie.
Depuis une dizaine d’années, d’autres initiatives individuelles ont vu le jour, autour de projets à taille humaine, qui permettent aux agriculteurs d’en garder la maîtrise et d’en tirer les bénéfices. L’objectif est d’éviter que les agriculteurs, encore une fois, ne se fassent exploiter comme de simples fournisseurs de matières premières, en abandonnant à « des usines à gaz » la valeur ajoutée du projet.