« Ferme laitière bas carbone »
L’Idele, le Cniel, l’APCA et France Conseil Elevage, ont signé leur nouvelle feuille de route climatique « Ferme laitière bas carbone ». La filière laitière s’organise pour répondre aux enjeux environnementaux et savoir en tirer de la valeur pour les producteurs.
Le changement climatique produit différents impacts sur les régions : augmentation des températures, des précipitations, et plus de sécheresse. Globalement, cela va transformer le cycle des cultures, si certaines vont gagner en rendements, elles seront aussi plus exposées aux aléas climatiques.
La filière s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20 % d’ici 2025. Afin de parvenir à cet objectif, un éleveur sur deux devra s’engager dans la démarche d’ici cinq ans et la totalité d’ici 10 ans. Ce programme vise à compenser l’augmentation de CO2 dans l’atmosphère grâce au stockage carbone dans les sols.
A ce jour, plus de 6 500 éleveurs se sont engagés dans le projet. La « Ferme laitière bas carbone » accompagne les éleveurs, tout d’abord en leur permettant de réaliser un diagnostic de leur exploitation avec l’outil CAP’2ER. Le premier niveau de diagnostic a pour objectif de sensibiliser, le second, avec une analyse plus poussée, permet d’identifier avec les exploitants les marges de progrès qui peuvent être réalisés pour réduire leur empreinte carbone.
Des enjeux qui feront les prix de demain
Les initiatives peuvent être portées par différents organismes. Le Criel du Centre a par exemple mis en place la démarche. 140 diagnostics ont été réalisés, soit 15 % des exploitations de la région, sur financement du Cniel et de la Région Centre-Val de Loire.
L’entreprise coopérative du Grand Ouest, Laïta, s’est aussi engagée dans la démarche. 2 000 éleveurs ont déjà reçu le premier niveau de diagnostic, l’entreprise souhaite toucher 100 % des producteurs de lait de sa zone et atteindre les 3 000 avant la fin de l’année. Le groupe Danone, qui représente 4 % de la collecte française, s’est pour sa part donné comme objectif d’atteindre le zéro net carbone d’ici 2050, à l’échelle mondiale, depuis la COP21. En 10 ans, l’entreprise a déjà réduit son empreinte de 42 %.
Au-delà de répondre aux préoccupations environnementales de la société civile, Gilles Durlin, vice-président de la FNPL, voit aussi dans la démarche une manière de retrouver de la valeur pour les éleveurs. « Le marché du lait frais est mature, voir presque saturé, avec beaucoup de références », rappelle-t-il. Pour les industriels, l’aspect environnemental, la qualité ou la provenance de leurs produits, devient de plus en plus un argument de vente. « Demain de nouveaux sujets vont s’installer, c’est à nous de les prendre en main, d’écouter tous les murmures des consommateurs, des industriels, car c’est ce qui va faire la valeur et le prix du lait demain », conclut Gilles Durlin.