Ce sont les mots qui viennent à l’esprit pour avoir assisté au Congrès de la FDSEA, premier congrès pour le Président Jacques Chapolard, élu en mars 2017, et donc à chacun son style, un changement de tonalité renforcé par la présence de Philippe Jehan, Président de la FDSEA de la Mayenne et administrateur de la FNSEA aux propos directs et sans langue de bois...
De la conviction, de l’engagement, dès l’ouverture de la matinée avec l’intervention d’Alain Briffeille et Claudine Facci, Secrétaires Généraux qui sont revenus sur les actions de l’année 2017, les avancées syndicales, les dossiers en cours, remerciant celles et ceux qui s’engagent au quotidien pour défendre l’intérêt des agriculteurs. Remerciements également à Jean-Luc Poli pour ses années passées à la présidence de la FDSEA.
Après les points de satisfaction : avec le travail conduit sur les cours d’eau dans les communes, la relance cantonale sur le terrain, le relais humain… viennent aussi les points d’insatisfaction notamment le dossier des zones défavorisées et l’éventuelle sortie des coteaux nord du département. Profitant de la présence des élus, du Président du Conseil Départemental, des députés MM Lauzzana et Damaisin, Jacques Chapolard en appelait une nouvelle fois ( après le répit du printemps 2017 où nous avions « récupéré » cette zone ) à la mobilisation de tous les élus pour faire bouger les lignes et récupérer cette zone dans la cartographie ZDS.
« Nous devons entrer dans le système pour ne pas subir, anticiper, savoir ce dont on ne veut pas, pour travailler sur ce que l’on veut défendre », telle était la transition du Président avec la première table ronde.
Nous avons droit à notre part de Valeur ajoutée
Pour illustrer les conclusions des Etats généraux de l’alimentation, une vidéo de Christiane Lambert a permis d’engager les débats, autour de la chaîne de valeur du producteur au distributeur. Pour cela, sur des exemples de productions locales, Gérard Delcoustal pour la filière pruneau et Michel Fruchet, Président du CIFOG interprofession Foie Gras, sont intervenus pour rappeler la nécessité d’une interprofession forte.
✓ Pour Philippe Jehan, tout ne peut pas venir de Paris, il faut négocier au local et par contre Paris apporte ensuite son appui, il nous faut donc des OP fortes et il sait de quoi il parle car, rappelons qu’il a, en Mayenne, le siège de Lactalis. « Il faut s’organiser, se structurer et avancer en collectif ».
Le dossier Pruneau a été ouvert par la lecture d’une lettre d’une productrice de pruneaux, qui ne peut plus « travailler pour des prunes » un message pudique mais poignant d’un questionnement sur le court terme, comment engager les frais pour tailler les arbres et produire en 2018 quand on a pas vendu la récolte 2017 …quel avenir.. Gérard Delcoustal a présenté la situation de la filière pruneau, l’historique et la capacité d’une interprofession forte à relever les défis et la nécessité aujourd’hui de reconstruction d’une interprofession pour une filière forte.
✓ Michel Fruchet, pour le CIFOG, a rappelé le rôle de l’interprofession : le marché et la défense du produit. « L’interprofession c’est une chaîne de valeurs, si un maillon manque ou est défaillant c’est la chaine qui casse, si on n’est pas organisé -même pour ceux qui vendent à la ferme- on n’y arrive pas. Le rôle des OP c’est la négociation du contrat, contrat qui ne parle pas de prix mais qui gère tous les aspects qui construisent le prix. Donc c’est la qualité du contrat qui fera le prix ».
✓ Jean-Charles Rossi, jeune agriculteur et producteur de pruneaux, a témoigné des interrogations que « se posent les producteurs qui tentent tous de trouver d’autres solutions : petits marchés, bio, mi cuit…mais ce n’est pas facile, des solutions existent, à la lumière des productions contractuelles de semences, il faut les trouver ensemble, se parler et avancer ».
✓ Pour Philippe Jehan, si les EGA se concrétisent, on sera en capacité d’inclure les coûts de productions.
La seconde table ronde était sur la gestion des crises notamment sanitaire : tuberculose bovine, influenza aviaire…
Pour Michel Fruchet, les risques sont différents selon les types d’élevage : donc on doit adapter les arrêtés de biosécurité aux réalités. Dans notre filière longue, du couvoir à l’aval, les Entreprises soutiennent les OP pour que tout le monde se protège, les auto-contrôles c’est l’interprofession qui les a demandés. On a dépensé 300 millions d’argent public on doit être responsable et se responsabiliser.
Le sanitaire, c’est le fil rouge, nous avons une production d’excellence, notre ADN c’est le plein air, donc on doit se prendre en main et on doit être en capacité de se protéger en période sensible.
En biosécurité, les investissements sont énormes mais on ne cèdera rien et c’est l’affaire de toute la filière, c’est un investissement collectif. Le rôle de l’interprofession, c’est aussi de faire de la communication générique sur le produit, nos meilleurs ambassadeurs sont les producteurs, on axe la communication sur le produit et le producteur jamais sur les marques.
Il ressort du débat que la filière pruneau doit, elle aussi, absolument relancer de la communication générique sur son produit pour relancer la consommation.
Sur la tuberculose bovine, le département et la région Nouvelle Aquitaine sont fortement concernés, et comme le soulignait Adrien Teyssedou, éleveur et Secrétaire Général du GDS, « l’organisation collective est nécessaire. La loi NOTRe est venue contrarier les accompagnements financier aux éleveurs, jusqu’ici assurés par le département et la Région qui a pris la compétence économique n’a pas pour l’instant pris le relais ». Cette question a fait l’objet d’échange entre Philippe Jehan, les représentant du GDS et le Président du CD47. Aujourd’hui, la structuration du sanitaire se fait au travers dont un OVS régional où chaque GDS départemental est une antenne de cet organisme à vocation sanitaire régional, d’où une harmonisation des pratiques, des conventions avec l’Etat, et des mutualisations rendues possibles entre GDS.
Philippe Jehan de conclure cette table ronde : « On ne mégote pas avec le sanitaire ! ! ! »
Le foncier et les structures au coeur du débat
✓ Jacques Chapolard a campé le décor : veut-on protéger l’espace agricole, préfère-t-on des terres ou des champs photovoltaïques ? Quel schéma de structures ? Veut-on de l’installation de jeunes ou préfère-t-on le gigantisme avec des structures non reprenables et non transmissibles. Benjamin Dupin a livré son témoignage « je suis installé hors cadre familial sur une petite exploitation en polyculture élevage sur Laplume et, sans le schéma des structures, mon projet n’aurait pas pu voir le jour ». Comme beaucoup d’autres ce qui faisait dire à Philippe Jehan : abandonner le schéma des structures c’est abandonner son agriculture, je ne comprends pas comment une Chambre d’Agriculture peut soutenir cela, si ce n’est pour faire prévaloir des intérêts personnels et individualistes. Un large débat s’est engagé sur la protection des espaces agricoles, des zones d’élevage, des haies et de l’irrigation et de la création de ressources.
✓ Jean-Charles Rossi, dans son intervention pour JA 47 sur le renouvellement des générations : « je connais beaucoup de monde dans cette salle qui ont des jeunes à installer ou qui veulent revenir sur l’exploitation, le syndicat JA est là en CDOA, CDPENA, à la SAFER, pour les aider. Appelez-nous, faites-nous part de votre projet. Nous vous soutiendrons et vous aiderons à trouver les clés pour innover et perdurer. »
✓ Pour Jacques Chapolard, « si on veut avancer, il faut savoir ce que l’on veut et affirmer ce que l’on désire. Battons-nous pour la valeur ajoutée, la simplification et saisissons notre chance. Nos députés et sénateurs sont en marche, veillons à ce qu’ils prennent le chemin des lois qui permette de vivre de notre travail. Nous ne voulons pas de toujours plus de normes, pas de terres consacrées à des champs photovoltaïques, préférons les toitures pour ce type de projet, pas de lacs pris en otages par des zadistes » Oui nous voulons d’un Président qui tienne ses engagements, qu’il nous enlève le doute introduit avec Notre Dame des Landes…. Cette plus-value est à nous, oui nous voulons la partager mais équitablement.
Oui, nous sommes les premiers à faire de l’écologie, à façonner les territoires, à produire toujours plus sain. Les recherches en phytothérapie ont un coût, cela demande des moyens, il faut les engager.
Oui, nous voulons des lacs, véritables réserves de sécurité pour l’irrigation, pour éviter les inondations, pour partager avec les autres acteurs ( pêcheurs, touristes, écologie… ).
Oui, nous préférons le dragage de la Garonne aux carrières qui empiètent sur les terres fertiles.
Oui, nous sommes une force de proposition, une force de progrès : qui est passé du char à boeufs au GPS en si peu de temps.
Se former, s’informer, nous nous levons tous les matins pour reconquérir les espaces de décision, reconquérir les marchés, au travers des syndicats, des OP, des Interprofessions, pour être tous gagnants, producteurs et consommateurs.
✓ Philippe Jehan soulignait le formidable potentiel de ce département de Lot-et-Garonne aux 80 productions, sans doute pas totalement exploitées par manque d’organisation. On doit positiver, se prendre en main le dire à nos voisins et à nos voisines ( un agriculteur sur trois est une femme ). Les agriculteurs ne peuvent plus être la variable d’ajustement, cela ne pourra pas durer, il y aura des choix de restructuration forte à faire, chacun à son niveau.
Nous devons nous prendre en charge à la base, ensuite le lobbying de la FNSEA peut soutenir sur des dossiers que nous défendons au local.
L’enjeu, c’est que nos politiques passent des promesses aux actes, et notre responsabilité syndicale c’est d’y veiller.
Après que les parlementaires aient apporté quelques précisions sur des dossiers d’actualités et notamment les ZDS, Mme Chabrillanges, Directrice de la DDT, a conclu cette matinée.