Après une année 2016 catastrophique, les céréaliers misaient sur 2017 pour se refaire. En dépit des volumes corrects, les conditions climatiques ne permettront pas à un certain nombre de céréaliers de sortir de leur situation difficile. La qualité s’avère en revanche très bonne, avec un taux de protéines élevé.
En plus de sa précocité – une dizaine de jours d’avance, la moisson 2017 se caractérise cette année par « une très grande hétérogénéité des rendements, au sein d’un même des territoires, parfois au sein d’un même canton ou d’un même village », a expliqué Philippe Pinta, président de l’Association générale des producteurs de blé ( AGPB ), en conférence de presse, le 29 août. Les rendements sont dans la moyenne basse, avec 71 quintaux/ha. En blé tendre, le rendement moyen est de 71,5 q/ha pour une production de 36,8 millions de tonnes, soit une moisson inférieure à la moyenne quinquennale si l’on exclut l’année 2016, catastrophique, de ce calcul, indique le secrétaire général d’Arvalis, François Jacques. En blé dur, la récolte s’annonce autour de 2 millions de tonnes, pour un rendement moyen de 54,1 quintaux, légèrement en-dessous de la moyenne quinquennale. En orge d’hiver, la récolte est de 9,6 Mt pour un rendement de 65 quintaux, enfin pour les orges de brasserie, la situation s’avère plus aléatoire, puisque le rendement faible – 60,2 quintaux – a favorisé un taux de protéine important, non conforme pour la malterie. Plusieurs facteurs climatiques ont impacté les rendements, certains étant particulièrement exceptionnels, comme les gelées tardives en fin de montaison ( fin avril-début mai ), qui ont eu des conséquences sur le nombre de grains au m2, tout comme les excès thermiques pendant le remplissage. La qualité est en revanche excellente, avec un taux de protéines important « qui devrait satisfaire surtout les pays tiers » et permettre à la France de reconquérir à l’export des parts de marché perdues l’année dernière, explique Philippe Pinta. En blé tendre, 85 % des volumes collectés ont une teneur en protéine qui se situe entre 11,5 % et 13 %, et 11 % de ces volumes bénéficient d’une teneur en protéines au-dessus des 13 %. La majorité des blés ont un temps de chute de Hagberg qui correspond aux cahiers des charges des acheteurs.
Moins de 2 000 euros de revenu en 2017
Cependant, si cette récolte pourra facilement être vendue, il n’est pas dit qu’elle le sera à un prix rémunérateur. En effet, les prix fin août sont inférieurs de 20 % à la moyenne sur dix ans ( 130 €/ha contre 160 €/ha ), « ce qui va engendrer encore un problème de revenu », souligne Philippe Pinta. D’autant que pour certains céréaliers, plusieurs années sans revenu se sont enchaînées, une source d’inquiétude importante quant à l’avenir du secteur, insiste le président de l’AGPB. Après déductions des cotisations sociales, le revenu 2017 des céréaliers spécialisés ne devrait pas dépasser 2 000 euros/an, estime l’organisation, qui va demander aux pouvoirs publics de remettre en place des cellules d’urgence dans les départements. Le président de l’AGPB compte par ailleurs sur les Etats généraux de l’alimentation pour avancer sur la compétitivité de la filière, via les nouvelles technologies, la robotique, le numérique, mais aussi la sélection génétique et les NBT « qui ne doivent pas être tuées comme ont été tués les OGM », estime Philippe Pinta. Des investissements dans les infrastructures sont par ailleurs nécessaires : le fret ferroviaire peut faire gagner 7 à 8 euros la tonne, un point important en matière de compétitivité, ce dont les céréaliers ont bien besoin. « Il faut arrêter de tirer sur les céréaliers, il n’y a plus rien à prendre ! », réaffirme le président de l’AGPB, rappelant que si ces producteurs représentent 25 % de la SAU, ils ne touchent que 20 % des aides PAC, ce qui créé dans certaines régions – en particulier les zones intermédiaires - un différentiel de 12 à 15 € l’hectare par rapport aux concurrents allemands. Alors que les ateliers des états généraux de l’alimentation ont commencé, la filière en appelle à un retour de compétitivité indispensable pour le revenu des céréaliers. « Le vrai souci, c’est le revenu, les agriculteurs ne peuvent pas faire d’efforts du côté de l’environnement si rien ne se dégage », conclut Philippe Pinta.