En visite au Salon aux champs, le salon national des Cuma, à Lisieux, Stéphane Travert a salué les innovations du secteur et affirmé sa volonté de soutenir les outils collectifs qui font la force de l’agriculture, particulièrement en période de crise.
Avec 11 500 Cuma sur tout le territoire et un agriculteur sur deux qui s’y engage, les Cuma maintiennent une dynamique initiée avec la création de leur statut, il y a 70 ans. La vingtième édition de leur salon national, le Salon aux champs, organisé à Lisieux les 30 et 31 août, a été l’occasion de démontrer les innovations du secteur, dans un contexte de crise agricole qui donne tout son sens à la mutualisation des outils. Ainsi, les nouvelles technologies sont de plus en plus mises à disposition dans les Cuma, comme les drones qui permettent un meilleur suivi des parcelles pour environ 17 €/ha. CumaLink, le « bon coin » des Cuma, a également été lancé à l’occasion du salon pour permettre une mise en relation des Cuma, sur un territoire interrégional ( Normandie, Bretagne, Pays de la Loire ) dans un premier temps. La numérisation des outils fait partie des nouveaux enjeux, face à l’arrivée d’acteurs comme WeFarmUp, un site internet qui propose la location de matériel entre agriculteurs. Cependant, d’autres défis sont à relever : formation et recrutement des salariés pour conduire des machines de plus en plus perfectionnées, mise à disposition de nouvelles technologies, formation des agriculteurs au métier d’employeur ( les Cuma représentent 5 000 salariés en France ), concurrence des plateformes numériques… Pour continuer à développer ces « lieux de vie et de partage » qui maillent le territoire français et « sortent l’agriculteur de son isolement », comme l’a rappelé le président de la FNCuma, Luc Vermeulen, il est donc nécessaire que les pouvoirs publics défendent l’investissement collectif.
Des aides spécifiques
Interpellé sur cette question, le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert, qui a passé plusieurs heures au salon le 31 août, s’est voulu rassurant. Les Cuma doivent pouvoir bénéficier du plan d’investissement de 5 milliards d’euros sur cinq ans, destiné au secteur agricole. « Il y a un travail à faire autour de cette prise en compte » des Cuma dans l’attribution des aides, estime par ailleurs le ministre. Car si les Cuma peuvent bénéficier d’un accompagnement des régions, elles ne sont pas soutenues dans le cadre de la PAC, et en tant que coopératives, elles n’ont pas droit au Crédit d’impôt compétitivité emploi ( CICE ). Et pourtant, « la force de notre agriculture, ce sont les outils collectifs dont elle dispose », a insisté Stéphane Travert, qui a par ailleurs justifié ses choix budgétaires sur les piliers de la PAC par « un besoin de crédibilité », indispensable vis-à-vis des partenaires européens pour pouvoir ensuite négocier la future PAC et défendre, entre autres, les investissements collectifs. Interpellé sur l’importance des Etats généraux de l’alimentation pour les Cuma et pour l’ensemble du secteur agricole, le ministre a rappelé son objectif : « avoir un prix qui rémunère le travail, le capital investi, la prise de risque des agriculteurs ». Ce qui passera par l’amélioration des relations contractuelles entre les différents maillons de la chaine alimentaire. Si aucune solution satisfaisante n’est trouvée lors des ateliers, « il faudra contraindre, imposer une ambition », par la loi ou les ordonnances, a réaffirmé Stéphane Travert, qui veut néanmoins croire à la concertation collective. Le ministre reviendra sur le sujet de l’accompagnement des outils collectifs au cours d’un rendez-vous avec la FNCuma, le 6 septembre