Rencontre avec deux éléveurs du Lot-et-Garonne

26 mai 2016
Rencontre_avec_deux_%c3%a9leveurs_du_lot_et_garonne

Le 16 mai s’est terminée la période de vide-sanitaire et deux éleveurs ont accepté de répondre à nos questions : Antonio Sousa, éleveur de palmipèdes à Laugnac et Sébastien Blard, gaveur de canards à Ste Gemme Martaillac.

Depuis quand êtes-vous impacté par le vide sanitaire ? Quel est son impact sur votre exploitation ? ( technique, financier, … )

Antonio Sousa : Le 23 janvier dernier, j’ai appris par mon technicien que je ne pourrai plus faire entrer des canards jusqu’à nouvel ordre. Ma dernière mise en place date donc du 27 décembre de 2015. L’impact sur la production est d’environ 40 % mais est beaucoup plus important sur l’équilibre financier car, à ce jour, je n’ai plus de fonds de roulement et le prochain règlement ne sera pas réalisé avant le mois d’octobre, soit plus de 5 mois sans revenu !

Sébastien Blard : Depuis le 09 janvier dernier, les éleveurs ont progressivement vidé leur élevage. Pour les gaveurs au environ du  15 avril plus personne n’avait de canard. L’impact financier est important. En effet, la première tranche d’aide n’est toujours pas versée ( 50 % de l’aide prévue pour juin soit 2 mois minimum sans entrée d’argent ). Le nettoyage et la désinfection ont commencé. Les produits utilisés sont très chers, il faut des EPI ( équipement protection ) de qualité qui coûtent chers pour se protéger, le coût de l’électricité est important dû à l’utilisation intensive du nettoyeur haute pression. Tout cela grignote notre trésorerie.

Quand allez-vous remettre en place des bandes et retrouver un rythme de croisière ?

A.S. : Après le vide sanitaire, la première mise en place doit être réalisée courant juin. À ce niveau, la coopérative ( Terres du Sud ) avec qui je travaille, respecte les délais qui ont été demandés et l’ordre d’arrêt des éleveurs. Le rythme de croisière ne sera pas trouvé avant 1 an et demi car le cycle IGP est d’environ 16 semaines ( 83 jours élevage + 15 jours gavage + 7 jours pour le règlement ), ce qui me fait un début d’activité ( pour l’année 2017 ) à partir de la semaine 16 ( mi-avril ) et non de la semaine 1.

S.B. : Le redémarrage s’est fait dès le 16 mai pour les éleveurs donc pour les gaveurs, ce sera 80 jours en moyenne après. En ce qui concerne le rythme de croisière, aucune idée, cela dépendra des canards prêts à gaver disponibles.

Un plan de soutien de  20 millions d’euros a été annoncé… Comment s’applique-t-il à votre exploitation ?

A.S. : Au niveau du plan d’indemnisation au sujet de l’arrêt de production de 16 semaines, un premier acompte de 50 % sera versé vers la fin mai 2016, un deuxième acompte de 30 % pourrait potentiellement intervenir vers le mois d’octobre 2016 et le solde vers le mois de mars 2017 ( dernières infos données par le Ministre de l’Agriculture pendant sa visite dans les Landes la semaine dernière ). En cas de retard, Terres du Sud et le Crédit Agricole ont proposé de mettre en place des prêts à court terme à 0,90 %, afin d’avancer les sommes qui ont été annoncées ( environ 1,82 € pour un canard démarré + canard élevé IGP ). Pour l’autre coopérative, je ne suis pas au courant de leur démarche.

S.B. : Pour l’instant, on vit sur nos réserves. Pour celui qui n’a rien, c’est pareil. L’argent, promis ou pas, on n’a rien pour l’instant.

Le Ministre a confirmé la mise en place d’un plan de 220 millions d’euros sur 5 ans destiné à la mise en œuvre de mesures de biosécurité pour éviter le retour de l’influenza. Quels changements techniques ce plan va-t-il engendrer sur votre exploitation ?

A.S. : En 2015, j’ai investi plus de  450 000 euros afin d’avoir un site qui corresponde aux dernières normes sanitaires. J’ai donc juste quelques aménagements à faire ( parking extérieur, clôture, carrelage sas ) pour respecter à 100 % les dernières normes demandées après l’influenza aviaire. Par contre, j’ai appris que les éleveurs qui doivent refaire des travaux et investir plus de 25 000 € pour pouvoir continuer leur activité ont le risque de mettre la clé sous la porte… en effet, l’administration nous a fait comprendre que l’enveloppe prévue pour l’aide de 40 % ne sera pas suffisante pour venir en aide à tous les projets. La filière est donc en péril… Sans éleveur, c’est l’ensemble des opérateurs qui sont mis à mal ! Enfin, pour conclure, je comprends que nous devons progresser, avancer et développer notre activité mais la balance n’est pas équilibrée et aujourd’hui, même s’il y a des coopératives qui jouent le jeu, des dérives sont malheureusement possibles… Nous comptons sur ces coopératives pour soutenir les éleveurs qu’elles ont installés !

S.B. : Pour les éleveurs, beaucoup de contraintes ( agencement des exploitations, sas sanitaire pour chaque parcours, tenue de registre de biosécurité, parking, aire bétonnée, chemin d’accès pour les parcours en évitant les recroisements….. ) Pour les gaveurs : sas sanitaire, aire de désinfection des camions avec point d’eau, certains plan de circulation à modifier, équipement pour enfouir les lisiers. Certains points pourront faire l’objet d’aide Area, d’autres pas. Même avec les aides, c’est 60 % de notre poche à débourser dans les 2 ans, et pour rappel le solde des indemnisation se fera seulement en 2017 sur justificatif comptable. Le problème est toujours le même, les agriculteurs avancent les frais mais les aides n’arrivent jamais aux dates prévues ( PAC et toutes les autres aides ).

 

Brèves

23/12/2022 Formulaire demande PCAE gel 23/12/2022 Appel à projet PCAE gel 17/03/2021 Bulletin d'adhésion 2021 10/07/2020 Nomination du ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation : La souveraineté alimentaire doit être une priorité d’action 21/02/2020 Chambre d’Agriculture : le grand chelem des départs ! 21/06/2019 La morale est-elle la meilleure des politiques ? 11/01/2019 Editorial de Benjamin DUPIN et de Jacques CHAPOLARD 20/12/2018 Pas de Trêve 25/10/2018 Editorial de Patrick Darot, Président de la Section Grandes Cultures de la FDSEA 20/09/2018 Une couverture totale du département en fibre optique d'ici 5 ans 31/08/2018 Augmentation annoncée du prix de la baguette 31/08/2018 C’est la rentrée 30/08/2018 L'été sera chaud 23/07/2018 **Merci les Bleus 23/07/2018 Calamités agricoles 02/07/2018 JA 47 18/06/2018 Editorial de Jacques CHAPOLARD, Président de la F.D.S.E.A. 27/02/2018 Mercosur : Non à la grande braderie !! 27/02/2018 Dégrèvement de taxe foncier non bâti 22/12/2017 Filière Pruneau Démissions en série 27/11/2017 Ils nous gavent 12/10/2017 Arrêtez de nous prendre pour les perdreaux de l’année 23/02/2017 Xavier, merci pour ton engagement 09/02/2017 Zones défavorisées 23/06/2016 La goutte d’eau qui emporte un peu plus le moral des agriculteurs 26/05/2016 Ce n’est pas du Hitchcock mais c’est des oiseaux 28/04/2016 Éditorial de Philippe Blouin, Président de la section fruits 29/03/2016 Une personnalité marquante de l’agriculture départementale

L'actualité en vidéo

Suivez-nous !