Invité du grand rendez-vous d’Europe 1 en direct du Salon de l’agriculture le 28 février, le président de la FNSEA a rappelé que les pouvoirs publics avaient encore à faire pour sortir l’agriculture de la crise agricole.
Au lendemain de la visite de François Hollande, Xavier Beulin a appelé au respect, alors que la visite du chef de l’Etat avait été ponctuée de sifflets et d’insultes proférées par des agriculteurs en colère, mais ajouté que les débordements de la veille témoignaient d’une colère et d’un désespoir qui restent fort au sein du monde agricole, en raison des prix trop bas payés aux producteurs. « Dans les négociations aujourd’hui, le coût de revient de l’agriculteur n’est absolument pas pris en compte », déplore le président de la FNSEA. Une conséquence de la Loi de modernisation de l’économie ( LME ) votée en 2008 et qui a donné davantage de pouvoir aux distributeurs. « La LME visait à protéger le consommateur », explique Valérie Rabault, députée socialiste et rapporteur du budget à l’Assemblée nationale, qui plaide pour une révision de cette loi. « Est-ce que vous accepteriez de travailler sans savoir ce que vous serez payé à la fin du mois ? », demande-t-elle à Jean-Pierre Elkabbach, présentateur de l’émission. La députée insiste sur le déséquilibre entre les distributeurs et l’agriculture française, dont le chiffre d’affaires total, 75 milliards d’euros, est inférieur à celui du seul groupe Carrefour ( 86 Md€ ). « Il faut que dans ce rapport de force, l’agriculture reprenne la main ».
Emmanuel Macron : prêt à modifier la LME
En visite au SIA le 3 mars, Emmanuel Macron s’est dit prêt à retravailler le chantier de la LME. Cette loi, qui donne plus de pouvoir aux distributeurs, pourrait être rééquilibrée dans le cadre du projet de loi dit « Sapin II pour la transparence et la modernisation économique ». Les négociations commerciales 2016 pour fixer les prix entre producteurs, industriels et distributeurs se sont achevées le 29 février, mais le ministre de l’Economie en attend les résultats plus précis avant de se prononcer. « Si les producteurs n’arrivent pas à vivre de leur métier, on ira vers une modification de la LME », a t’il indiqué. « Il faut trouver une solution avec les industriels et les distributeurs pour continuer à préserver la capacité d’innovation des agriculteurs », a-t-il ajouté.