Une véritable harmonisation des normes à l’échelle européenne et une meilleure valorisation des produits français font partie des demandes présentées par les ac- teurs de la filière fruits réunis à Agen, les 27 et 28 janvier, à l’occasion du 70e congrès de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF). Le thème de l’environnement a été le fil rouge des discussions.
Après une année 2015 jugée « à l’équilibre », en comparaison de la situation catastrophique de 2014, sans toutefois être satisfaisante, les arboriculteurs à travers leur président, Luc Barbier, se disent « inquiets pour l’année 2016 » rappelant l’impact de l’embargo russe toujours en cours. L’espoir, tout de même, que celui-ci se dénoue cet été en écho au souhait du ministre de l’économie, Emmanuel Macron, de mettre un terme aux sanctions économiques. L’inquiétude pour 2016, persiste néanmoins, rappelle Luc Barbier, avec « une précocité et un manque de froid » en ce début d’année engendrant un risque accru du nombre de ravageurs et notamment de la drosophila suzukii.
Le président de la FNPF, qui, à plusieurs reprises s’en est pris directement au ministre de l’Agriculture déplorant son manque de soutien au plan stratégique de la filière élaboré depuis deux ans, constate la baisse du budget alloué au Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL) et la suppression des lignes de crédit nécessaires à la promotion des produits. « Nous avons compris une chose, nous n’attendons plus grand chose de la puissance publique », déclare-t-il ainsi.
Sur les deux journées de rencontres, une attention toute particulière a été donnée au volet environnemental, et en particulier aux distorsions de concurrence qu’il engendre. « Ce qui est autorisé en Espagne ou en Italie ne l’est pas chez nous » interpelle Alain Berger, administrateur à la FNPF, soulignant le besoin d’expérimentation. La nécessité d’avancées en matière de recherche a été expressément énoncée pour faire face aux nombreuses restrictions. « Laissez le temps à nos chercheurs de trouver des solutions », fait remarquer Alain Berger, regrettant le choix d’interdire sans solutions alternatives concrètes.
Revendications
La déductibilité pour aléa (DPA) a été un des points mis sur la table lors des discussions au congrès. « La DPA est la première chose que l’on doit obtenir », insiste Jacques Rouchaussé, président du CTIFL, dans le but de « sécuriser le revenu au producteur ». En outre, l’inapplicabilité du compte pénibilité et la généralisation de la complémentaire santé ont également été au cœur des préoccupations relevées dans les échanges. Inquiétudes sur le surcoût engendré par ces mesures. Sur le compte pénibilité, « On demande qu’on ne l’applique pas. Nous vous demandons un délai d’adaptation jusqu’au 30 septembre, avant il n’y a pas de pénibilité en agriculture », martèle Jérôme Volle, membre du bureau de la FNSEA et spécialiste des questions liées à l’emploi. Sur la complémentaire santé, une estimation d’un supplément de coût de « 17 euros par mois par salarié en moyenne » est avancée par Patrice Vulpian, membre du bureau de la FNPF. La question du prix, note Jérôme Volle, reste « le leitmotiv de notre métier ».
Valorisation et réciprocité
Comment communiquer sur un produit pour le valoriser ? Expliquer son mode de production au consommateur pour qu’il comprenne le prix pratiqué est un objectif en soi. Reste à savoir « qui investit dans sa communication ? » remarque Luc Barbier. Concernant les échanges commerciaux, la réciprocité du respect des accords internationaux ne semble pas appliquée. Dans le secteur des fruits et légumes, l’UE est pourtant au cœur des transactions. « 54 % des importations mondiales se font vers l’UE et 40 % des exportations en provenance de l’UE » rappelle Daniel Soares, responsable marketing d’Interfel. La valorisation de l’origine France est reconnue à l’étranger. « Depuis 2009, les exportations de pommes ont augmenté vers la Chine » pré- cise-t-il. Mais les barrières non tarifaires, basées principalement sur des critères sanitaires, perdurent et empêchent des opportunités à l’export. « On ne joue pas avec les mêmes règles » regrette Daniel Soares. Le principe de réciprocité doit-être appliqué. « Le gouvernement français à Bruxelles d’abord martèle l’exigence de réciprocité dans les négociations internationales » développe Loïc Evain, directeur adjoint à la Direction générale de l’alimentation (DGAL) du ministère de l’Agriculture, faisant référence à une étude publiée en novembre 2015, par le ministère de l’Agriculture américain, qui révélait un gain de près d’un milliard de dollars pour la filière fruits et légumes de l’UE, si les barrières phytosanitaires étaient levées aux USA.
Réchauffement climatique
« Il faut prévoir le verger du futur en adaptant les porte-greffe », explique M. Berthoumieu, directeur de l’ACMG. Les jours de canicule ont augmenté selon lui, et il faudra anticiper la création de vergers capable de soutenir ces hausses de températures. Le kiwi, sera un des fruits les plus développés dans le futur. Les vergers constitueront des oasis bénéfiques pour les centres urbains et permettront de faire baisser leur température. « Les gens des villes ne se sont pas rendus compte qu’il fait plus chaud » conclut-il.